Festivals : après le râle, le bal
Autrefois, on pouvait se demander s’il fallait encore parler de ces vénérables institutions que sont le Jazz en Nord, Tourcoing Jazz, NAME ou Roubaix à l’accordéon. Et puis la pandémie est venue les altérer voire les annuler. Nous avons pris la conscience que ces incontournables n’étaient pas indestructibles et qu’envergure ne rime pas forcément avec armure. Les revoir en grande forme malgré un virus qui circule plus librement que l’artiste est donc une excellente nouvelle.
Le Jazz en Nord conserve sa programmation à l’année mais la décline sous forme de « collection » automne-hiver et printemps-été. Nous aurons l’occasion de revenir dans les détails au fil des semaines sur quelques propositions artistiques notables. Dans l’immédiat, nous vous incitons à surveiller la programmation de très près si vous voulez vous garantir un accès aux places de certains concerts. Pour Gilberto Gil c’est déjà trop tard, mais il reste des billets pour Dominique Fils-Aimé à la maison Folie Beaulieu de Lomme le 7 octobre. Une belle occasion de découvrir cette interprète et auteure canadienne revisitant les grandes heures des chanteuses jazz et les luttes pour les droits civiques des Afro-Américains. Sur la crête du jazz, de la soul et du R&B, jamais elle ne perd le fil.
Le festival électro NAME appuie à nouveau sur play. La Condition Publique de Roubaix reste le vaisseau amiral avec deux nuits aux programmations pointues (8 et 9 octobre de 22h-6h) dans le plus pur style clubbing qui a fait la réputation du NAME. En parallèle, la Gare Saint Sauveur prend en charge l’équipe de jour (18h-00h, les 8 et 9 également) avec comme parti pris la découverte de jeunes talents électro français et une gratuité motivante. Grands et petits noms, mais partout du gros son.
Le Tourcoing Jazz était passé entre les gouttes des précédents confinements. Pour cette édition sous de meilleurs auspices, déjà des complets pour Gilberto Gil (coproduction avec Jazz en Nord), Ibrahim Maalouf et Deluxe. Il ne faudra pas tarder pour Biréli Lagrène & Sylvain Luc, Henri Texier quintet, Jean Jacques Milteau, Avishai Cohen, Roberto Fonseca, Airelle Besson, Michel Portal, Alain Jean-Marie & Diego Imbert ou Manu Katché. Mais le Tourcoing Jazz c’est aussi la découverte, la marge et la prise de risque. Dans cette programmation luxuriante, notre curiosité est particulièrement attirée par l’hommage au peintre Mahjoub Ben Bella par Sandra Nkaké et JiDrû. Les explorations historico-musicales du trio de Paul Lay autour des musiques populaires du début du XXème sont passionnantes. Makaya McCraven est également très attendu par un nouveau public qui vient au jazz par la face moderniste et fusion. McCraven est de son époque, résolument jazz mais pas imperméable à la soul, au boom-bap, à la sono mondiale. Une approche globale qui n’exclut pas la complexité. Ballaké Sissoko & Vincent Ségal c’est déjà une histoire ancienne, mais pas une rengaine. Kora et violoncelle dialoguent et débattent, on s’écoute et les cordes ne sont pas les seules à vibrer.
Roubaix à l’accordéon tient la distance. Depuis 1997, ce festival s’assume résolument festif sans pour autant virer dans la folklorisation du populaire. Le Tire Laine ouvrira le bal via son cabaret, des concerts seront programmés les midis. Enfin Arnaud Rebotini viendra électroniser l’atmosphère, Renan Luce se chargera de la chanson quant aux Négresses Vertes et L’Orchestre National de Barbès ils nous rappelleront ce temps de pionniers où le métissage était vu comme un vecteur de création et d’émancipation. Pas évident à l’époque, indispensable aujourd’hui.
Publié le 06/10/2021
Jazz en Nord : 6 octobre-17 décembre, métropole lilloise
www.jazzenord.com
NAME : 8-9 octobre, Lille-Roubaix-St Omer
www.2021.lenamefestival.com
Tourcoing Jazz : 9-16 octobre, Tourcoing
www.tourcoing-jazz-festival.com
Roubaix à l’accordéon : 9-17 octobre, Roubaix
www.roubaixalaccordeon.fr