Ce Gilles-là, il est un peu perdu. Un peu de mal à se rappeler la date du jour, il traîne sa robe de chambre et ses bacchantes fatiguées sous l'oeil d'un speaker, à la fois commentateur et interviewer d'un Gilles paumé dont le spectacle va s'ingénier à retracer les vies. Enfance, mariage, métier, départ et retour, les comédiens jouent autant avec les mots qu'avec la scène et le public, donnant petit à petit corps à l'univers de ce personnage à mesure que se succèdent les scènes. Tantôt trépidants et évocateurs, tantôt plus intimes et moins rythmés (le seul défaut du spectacle), les tableaux se succèdent mêlant acrobatie, chorégraphie, clown, cirque, théâtre... et même musique, quand le Gilles (Defacque) qui est ce Gilles, souffle dans sa vieille trompette. Mêlant le corps et le verbe, Bobée donne vie à un spectacle attachant parce que généreux, ce qui ne masque pas ici l'indigence d'un contenu ou d'une forme moins aboutie, au contraire. En dehors de quelques différences de rythme, ce parcours virtuose et touchant à la fois réussit son pari, autant porté par le travail des comédiens que par la présence centrale de Gilles Defacque et la valeur qu'y ajoutent, chacun à son niveau, les membres de l'Oiseau-Mouche.