Danses en fête

En plus de vingt ans d'un travail de terrain aussi passionné qu'exemplaire, le Vivat et sa directrice n'ont jamais cessé de défendre les chorégraphes d'aujourd'hui au fil de leurs créations scéniques des plus audacieuses aux plus surprenantes, soutenant largement les spectacles d'artistes aujourd'hui devenus des références dans le monde de la danse. Pourtant, pas question, pour cette édition anniversaire, de se contenter d'une simple rétrospective. C'est en mêlant les nouvelles créations de fidèles du festival et le travail de plus jeunes chorégraphes que le Vivat fête cet anniversaire, toujours tourné vers une danse vivante, créatrice et partageuse.

Côté nouveautés, la création Remise Venise (spécialement imaginée pour le Vivat) d'Yves-Noël Genod ouvrira le programme de cette année, tandis que Nadia Beugré en questionnant notamment le colonialisme dans Tapis Rouge et les inventifs compères de l'Amicale de Production avec On traversera le pont une fois rendus à la rivière donneront à voir chacun dans un genre différent la capacité d'invention des artistes d'aujourd'hui. Le reste de la semaine convient d'anciens camarades comme Thomas Lebrun avec Avant toutes disparitions, Boris Charmatz et Improvisation, Julie Nioche qui inscrits Nos amours sur les corps ou Christian Rizzo dans Le syndrome Ian qui illustre aussi bien le flair dont a su faire preuve Vivat la danse en programmant ces chorégraphes aujourd'hui réputés dès leurs débuts et en jouant une ouverture sur les structures voisines.

C'est là l'autre réussite de l'aventure armentiéroise : avoir su continuer à promouvoir la danse d'aujourd'hui en bonne intelligence avec les autres dispositifs nés depuis dans la région (des Latitudes Contemporaines jusqu'au Grand Bain). Plus qu'un pacte de non-agression c'est une coopération efficace et mutuellement profitable que les acteurs ont su mettre en place, ce n'est pas si courant.

Pour compléter le panorama, le festival invite à découvrir des sorties de résidence, moyens parfaits de voir le travail des chorégraphes en construction, moment toujours fascinant entre fragilité d'un spectacle à naître et promesse d'un travail en train de se faire. Et pour fêter ce bel anniversaire, c'est autour d'une soirée Mad Madison, que le public est invité à danser à son tour sur des chorégraphies imaginées par des chorégraphes de tous horizons. A l'heure où la culture reste trop rarement évoquée par les programmes politiques, constater la réussite d'un festival généreux consacré à une discipline encore à tort jugée difficile reste un joli encouragement pour les vingt années à venir.