Teddy décide un jour de tout quitter. Avec pour toutes possessions quelques malles, il part pour les rives du lac Baïkal où il espère trouver calme et sérénité loin d'une société dans laquelle il ne se reconnaît plus guère. Devenu propriétaire d'une cabane de bois, il se débrouille pour vivre au milieu d'un climat âpre et de paysages magnifiques. Un jour, il croise un chasseur solitaire avec lequel il finit par se lier d'amitié.

En s'emparant de l'ouvrage de Sylvain Tesson relatant quelques mois d'exil introspectif, Safy Nebbou fait le pari d'en garder l'essence tout en prenant des distances avec le texte. Et c'est une bonne chose. En ajoutant une rencontre, le cinéaste épaissit le parcours de son personnage sans le dévoyer, évitant du même coup la redondance du propos dont souffre le livre. A l'image, Raphaël Personnaz, d'ordinaire plutôt effacé, occupe parfaitement le cadre, perdu dans les immensités glacées, patinant sur le lac gelé ou lisant à la lueur de quelques bougies. Sans chercher le spectaculaire, le cinéaste profite du cadre saisissant pour ponctuer cette plongée intime de questionnements pertinents sur la course à la frustration des sociétés modernes. S'il peut paraître simple le propos ne manque pas d'intérêt d'autant qu'il est soutenu par un véritable récit défendu par une réalisation soignée et un acteur investi dans son rôle.