Bruits de corps

Réussissant le difficile pari de trouver chaque année un angle d'attaque différent, la programmation de Vivat la danse ! tend autant à laisser un espace d'expression à des artistes significatifs de la danse contemporaine qu'à proposer un regard sur l'avenir et les chorégraphes de demain. L'édition 2015 ne fera pas exception à cette règle, tenant bon la barre d'une exigence assumée dans une décontraction et un plaisir d'échanger et de recevoir qui le sont tout autant. C'est cette année Vincent Dupont qui ouvre le bal avec Stéréoscopia (création 2014 suite à une résidence au Vivat) et la reprise de deux autres de ses spectacles : Bine et Hauts cris. Un titre qui tombe à point nommé puisque l'édition 2015 du festival se penche sur le son des corps, matière première des spectacles dont les mouvements (des cordes vocales au souffle en passant par le battement des mains et bien d'autres) rythment et animent les propositions de nombreux chorégraphes.

Comme souvent au Vivat, les fidélités aux artistes invitent à des retrouvailles toujours plaisantes avec des chorégraphes dont la maison armentiéroise suit le travail depuis de longues années. Julie Nioche mêle sa danse aux notes de Sir Alice, Tiaguo Guedes questionne le monde et son sens, François Chaignaud convoque des figures presque mythologiques dans un dispositif éclaté, David Wampach s'essaie à une chorégraphie vocale inédite, Gaëlle Bourges puise son inspiration dans une peinture classique tandis que Maria Jerez dans Ba-deedly-deedly-deedly-dum ba-boop-dee-boop propose de créer la bande-son d'un film et que Mette Ingvartsen imagine une expérience sensorielle totalement nouvelle.

L'ensemble forme un mélange subtil d'audace, d'exigence et d'ouverture. Pourfendant les nombreux a priori entourant la danse contemporaine, Le Vivat continue de s'en faire le défenseur curieux et souriant. Outre la pertinence des propositions du festival, le lieu marque un point d'honneur à accueillir ses spectateurs dans la bonne humeur et l'échange, des conditions propices à l'attisement de la curiosité d'un public parfois frileux envers le genre. Ici point de barrière mais des passerelles entretenues avec enthousiasme par une équipe disponible et à l'écoute des nombreux artistes accueillis en résidence au fil de l'année. Une invitation à la découverte qu'il ne faut pas avoir peur d'accepter, l'ouverture d'esprit n'ayant jamais fait de mal à personne.