Born Ruffians aurait pu être de ces groupes se résumant à un essai parfait, impossible à transformer. Après le grand incendie de Red, Yellow & Blue, Born Ruffians élargit son spectre musical au-delà des primaires Strokes, Pixies, Violent Femmes. Signés tout jeunots sur le vénérable label Warp, leur fougue a grandement participé à rebooster cette grande maison à l’acoustique étrange. Avec le nouveau Say It, Born Ruffians gère parfaitement les braises d’un succès qui n’aurait pu être qu’un de ces feux de paille indie de la netculture. Sans être un virage à 180°, le nouveau répertoire de Born Ruffians verse une louche de maturité sur la lave du précédent volcan. Évitant l’évanescence, la musique de Born Ruffians gagne en complexité ce qu’elle perd en immédiateté. Singer l’innocence de leur début aurait été coupable. Les Born Ruffians ont donc choisi d’être raccord avec quelques noms du panthéon qu’ils vénèrent : Scott Walker, Bruce Springsteen, The Band, Neil Young, Brian Eno. Passés de seconds couteaux en hors d’œuvre des concerts de Franz Ferdinand, les Born Ruffians acquièrent désormais une stature de première gâchette, comme leurs amis de Wolf Parade et Caribou. Au bord de l’explosion suite à la défection de leur batteur historique, le retour de Born Ruffians est une résurrection et cet album un petit miracle. Espérons que ce dernier se reproduira sur scène.