Avant et après le charbon

Le 3 février 1720, après plusieurs tentatives infructueuses, le vicomte Jacques Desandrouin et son directeur de recherches Pierre Mathieu, mettent au jour une veine de charbon à 50 mètres de profondeur dans une pâture à Fresnes-sur-Escaut (Valenciennois). L’exposition du Centre Historique Minier, organisée chronologiquement, replace cette découverte fondatrice dans le contexte des révolutions industrielles qui se succédèrent du XVIIe au XIXe siècle. Des objets, des œuvres et des documents d’époque, ainsi qu’une scénographie claire et structurée, restituent efficacement ce pan de notre histoire. Le début du parcours présente comment, dès la fin du Moyen-Âge, la demande en marchandises croît, tant chez les particuliers plus aisés, que de la part de l’Etat qui a de gros besoins en matière d’armement et de construction. La production augmente et les savoir-faire se développent, une véritable « révolution à bas bruit » selon l’historien Denis Woronoff. Pour faire fonctionner ses industries, la France se couvre de moulins à eau et abat ses forêts… au risque de manquer de matière première. Il devient alors nécessaire de recourir à une nouvelle énergie, particulièrement dans le Nord, pauvre en forêts. En 1713, le traité d’Utrecht redessine les frontières européennes. Les villes de Mons et Charleroi, qui fournissaient le royaume en charbon, notamment pour les industries et le chauffage domestique, sont rattachées aux Pays-Bas autrichiens. C’est alors que Jacques Desandrouin et son équipe font le pari que la veine de charbon, affleurante en Belgique, se prolonge dans le sous-sol français. Aucune trace ne subsiste de ces travaux, à part des témoignages collectés a posteriori et présentés dans l’exposition. Déjà entamée dans plusieurs régions de l’Europe, l’aventure houillère peut commencer dans le Nord-Pas-de-Calais. Dès la fin du XVIIIe siècle, le charbon utilisé conjointement avec la machine à vapeur et la mécanisation donnent naissance en Angleterre à la grande révolution industrielle, qui se répand de pays en pays. Le production explose dans tous les domaines, de nouveaux modes de transport et machines apparaissent, bouleversant la société toute entière. La grande histoire du charbon dans le Nord-Pas-de-Calais s’achève en 1990 avec la fermeture de son dernier puits de mine. Avant de quitter l’exposition, le visiteur ne manquera pas d’observer un émouvant témoignage de cette période : la dernière gaillette remontée dans le Bassin minier.

Le Centre Historique Minier donne rendez-vous à ses visiteurs le samedi 8 février pour une conférence de l’historien Gérard Dumont, qui reviendra en détail sur la découverte du 3 février 1720. L’exposition sera gratuite ce week-end-là. A noter également dans les agendas en prévision des vacances scolaires : les ateliers du mercredi qui initient les 6-11 ans à l’univers de la mine et Explora’mine, la visite à destination des familles (dès 5 ans). Les passionnants espaces permanents sur l’histoire de la fosse Delloye et la vie des mineurs, ainsi que l’impressionnante visite guidée des galeries restent bien sûr accessibles à côté de ces animations.